Billets qui ont 'Fumaroli, Marc' comme nom propre.

Quand j'y pense...

Je continue d'indexer Vehesse. Ce matin, je tombe sur ça. L'ami, c'était Paul. J'ai prêté Douglas Adams à Paul… Ma folie (comprendre: mon inconscience) ne m'apparaît jamais que rétrospectivement.

Cependant, s'il me l'a rendu en 2004, c'est que je lui ai prêté en 2003. Il m'est difficile de me représenter la vivacité de son esprit à cette époque. Les derniers souvenirs écrasent les impressions antérieures.

J'avais pris très au sérieux son désir de "lire" (découvrir la littérature) et je tâtonnais, cherchant ce qui lui plaisait, ce qui lui aurait plu, ce qui lui aurait permis de discuter avec ses petits-fils (son grand souci), mélangeant les genres, les degrés de difficulté. Ce n'est que lentement que j'ai admis qu'il ne "lirait" jamais, il était trop tard, cela ne l'intéressait pas assez, il ne pouvait aller à la fin des livres (il les abandonnait sans les terminer).

Je n'ai découvert/compris que très tard que sa passion littéraire aurait été les auteurs latins. Il en avait un souvenir vif, me confiant qu'à une époque il lisait La guerre des Gaules couramment dans le texte. Vers la fin, il avait souvent sur lui une mince plaquette bilingue de Cicéron ou de Lucrèce.

Et ces mots de Fumaroli m'ont touchée au moment où j'en avais la preuve devant les yeux:
C'est au cours de la brève vacance de l'enfance et de l'adolescence que sont semées (ou non) dans la jeunesse les futures ressources de l'esprit, de l'âme et du cœur, dont disposeront (ou non) l'âge adule et le grand âge. Je me retrouve maintenant, senex-puer, au temps des vendanges, lisant et relisant, mais aussi écrivant et réécrivant, étonné de trouver dans ces exercices un remède aussi efficace à la mélancolie de mon automne que l'avaient été, à celle de mon printemps, mes premières plongées dans la lecture.

Marc Fumaroli, préface à Exercices de lecture, p.8 et 9
(Et je m'inquiète, faisant le compte de ce que j'ai lu à l'adolescence: quelle pauvreté.)

Le déclin culturel français

Lorsque le Time a titré «Le déclin de la culture française», tout le monde a pris un air outragé et personne n'a admis qu'effectivement, très peu d'artistes français sont connus hors de France, ce qui traduit, si ce n'est un déclin, tout au moins un manque évident d'aura.
Le Nouvel Economiste du 7 février 2008 fait sa Une sur le sujet et confronte les avis de Marc Fumaroli et de Philippe Dagen.
Je cite :

Lorsque l'édition européenne du "Time", du 3 décembre 2007, titre "Le déclin de la culture française", les réactions hexagonales, offusquées, scandalisées, sont unanimes. Et pourtant. Les chiffres prouvent que les arts modernes autant que contemporains - cinéma, livre, musique, peinture... - ne s'exportent plus, de la patrie qui les a tant vu prospérer, qu'en proportion infinitésimale.
[...]
Quelques personnalités de haute volée intellectuelle se sont insurgées dès les années 80 contre les choix politiques dans le domaine de la culture. Depuis le 3 de la rue de Valois, siège du prestigieux ministère inventé par André Malraux, une novlangue et une bureaucratie se mirent en place pour encadrer et subventionner les arts. A la fureur de Marc Fumaroli, académicien, professeur à l'université de Chicago, spécialiste mondialement reconnu du XVIIe siècle. Il dénonce, avec une colère non feinte, "le terrorisme de l'Etat culturel". Lorsque l'un des axes culturels, défini par l'exécutif, fut de "subventionner des espaces alternatifs et squats artistiques pour répondre au désir d'art des populations exclues de la culture", son sang ne fit qu'un quart de tour pour dénoncer "démagogie et démolition programmées des arts." Ce à quoi Philippe Dagen, critique d'art et voyageur sans bagage pour le compte du Monde, ajoute "l'Etat a mis en place une bureaucratie incompréhensible: elle a eu pour effet de créer la méfiance des marchands étrangers envers nos créateurs".
[...]
Flash-back. Depuis les années 80, la bataille pour l'exception culturelle a empoisonné les rapports de la France avec l'Europe et les Etats-Unis. La mise en cause du financement des arts hexagonaux par des nations adeptes de l'économie de marché a provoqué en notre beau pays un combat homérique. Combat remporté par Jacques Chirac qui fit voter par l'Unesco le statut "d'exception culturelle", texte ratifié par 148 pays. Ainsi, notre système d'aides (le cinéma bénéficie chaque année d'aides, directes ou indirectes, de plus de 500 millions d'euros, selon le Centre national de la cinématographie) fut mis hors de portée de toute attaque étrangère. Vingt ans après les premières escarmouches sur ce sujet, en est-on arrivé à l'effet contraire ? Philippe Dagen penche pour le oui. "Quand je rencontre des marchands d'art, que ce soit à Séoul ou à Hambourg, je constate leur méfiance envers le système français." Et de poursuivre, "ils ne comprennent pas cette omniprésence de l'Etat, signe que les arts n'ont aucune confiance dans leurs potentiels". Plus perfide, Fumaroli accuse "cet Etat culturel qui a adopté le nihilisme esthétique mondain comme un impératif démocratique, tout en se targuant d'une exception culturelle expurgée de son sens.''
[...]
Propos corroborés par Eli Broad, dans Le Monde 2, du 2 février. Le fondateur du Kaufman & Broad (immobilier) est l'un des plus grands collectionneurs d'art. Il confie sans ambages "nous voulons que nos investissements obtiennent des résultats tangibles". Et d'ajouter "dans l'éducation, nous voulons améliorer le niveau des études, dans les arts nous voulons former un public plus large". Tout est dit pour ce philanthrope américain, piqué de peinture, sculpture, architecture. Sans marché, point d'art vivant.
[...]

Benoît Delmas, in Le nouvel Economiste n°1418, le 7 février 2008

La correspondance de Chateaubriand

Arrêté du 28 janvier 2008 portant création d'une commission nationale pour la publication de la correspondance de François-René de Chateaubriand et portant nomination de ses membres

NOR : MCCD0801547A
La ministre de la culture et de la communication,
Vu la loi no 46-2196 du 11 octobre 1946 modifiée créant un Centre national du livre ;
Vu le décret no 93-397 du 19 mars 1993 relatif au Centre national du livre, modifié par le décret no 96-421 du 13 mai 1996,

Arrête :

Art. 1er. - Il est créé, pour une durée de trois ans, une commission nationale pour la publication de la correspondance de François-René de Chateaubriand. Cette commission a pour mission de veiller à l?établissement des textes et de favoriser la publication de l'ensemble de la correspondance de François-René de Chateaubriand.
La commission approuve un plan de publication. Elle désigne les personnes chargées, sous son contrôle, de la préparation de chacun des volumes à paraître. Elle formule toutes observations et conseils scientifiques utiles.

Art. 2. - M. Marc Fumaroli, de l'Académie française, est nommé président de la commission nationale pour la publication de la correspondance de François-René de Chateaubriand.

Art. 3. - Le président du Centre national du livre est membre de droit de la commission. Il peut se faire représenter par le secrétaire général de l'établissement.

Art. 4. - Sont nommés membres :
- Jean-Claude Berchet, professeur émérite à Paris-III ;
- Guy Berger, professeur émérite à Paris-VIII ;
- Jean-Claude Bonnet, directeur de recherches au CNRS ;
- Jean-Paul Clément, directeur de la maison Chateaubriand ;
- Agnès Kettler, chercheuse au CNRS ;
- Georges Liebert, responsable éditorial aux éditions Gallimard ;
- Arlette Michel, professeure émérite à Paris-IV.

Art. 5. - Le secrétariat de la commission est assuré par le Centre national du livre.

Art. 6. - Le présent arrêté entre en vigueur le 1er février 2008.

Art. 7. - Le directeur du livre et de la lecture est chargé de l?exécution du présent arrêté, qui sera publié au Journal officiel de la République française.

Fait à Paris, le 28 janvier 2008.
CHRISTINE ALBANEL
Les billets et commentaires du blog Alice du fromage sont utilisables sous licence Creatives Commons : citation de la source, pas d'utilisation commerciale ni de modification.